> Le projet de sciences participatives Hermiona

Du 18 avril au 10 août 2015, la frégate L’Hermione a traversé l’Atlantique et gagné l’Amérique sur les traces de La Fayette. Le Lycée Maritime et Aquacole (LMA) de La Rochelle s’est mobilisé pour accompagner L’Hermione dans son Grand Voyage en affrétant le K.VIII, voilier mythique de 23 mètres, permettant d’embarquer 36 élèves de 15 à 19 ans dans l’aventure. Quatre équipages de huit à neuf élèves et deux à trois professeurs se sont donc succédé à bord du K.VIII pendant que douze élèves faisaient partie de l’équipage de L’Hermione.

Outre le projet pédagogique ambitieux qui impliquait la contribution de chaque élève à la navigation, la conduite et l’entretien du navire, l’ouverture à d’autres champs de connaissances liés au milieu professionnel, les élèves du Lycée Maritime et Aquacole de La Rochelle se sont vus confier une mission scientifique par l’Ifremer : Effectuer des pêches de plancton marin afin d’établir une collection d’échantillons fixés permettant une observation différée.
Deux ans après le retour du K.VIII, les scientifiques de l’Ifremer ont levé le voile sur les premiers résultats prometteurs issus des échantillons de phytoplancton récoltés et ont présenté leurs découvertes aux lycéens.
Le projet de sciences participatives baptisé HERMIONA (Halieutique, Environnement et Recherche sur les MIcro-algues de l’Océan Nord Atlantique) avait un objectif double pour le laboratoire Ifremer de Concarneau :

  • comparer ces échantillons avec ceux issus du périple du navire Michael Sars en 1910, dont le parcours est proche de celui du K.VIII, et qui servent encore aujourd’hui à identifier les espèces de micro-algues,
  • comparer ces échantillons avec une quantité exceptionnelle d’espèces de micro-algues réputées d’eaux tempérées chaudes à tropicales trouvées en 2014 en baie de Concarneau, jamais observées pour certaines.

Premier maillon de la chaîne alimentaire marine, le plancton marin constitue l’ensemble des organismes vivants qui flottent dans les eaux marines de surface et dérivent au gré des courants. Méconnu car invisible à l’œil nu, le plancton végétal est pourtant le poumon de notre planète : il produit plus de la moitié de l’oxygène que nous respirons !

« Les résultats scientifiques obtenus grâce aux lycéens répondent largement à nos attentes, s’est réjouit Claude Le Bec, biologiste marin et responsable du laboratoire Ifremer de Concarneau (29). Nous avons même trouvé quatre espèces encore inconnues. »

Les chercheurs ont été bluffés par la rigueur des lycéens, formés rapidement aux techniques de prélèvement et au respect d’un protocole scientifique, peu avant leur départ, sur des échantillons dont l’essentiel est invisible pour les yeux… « Les prélèvements doivent être soignés pour ne pas casser les cellules ou l’ADN des micro-organismes », souligne Claude Le Bec. Un tel partenariat permet aussi des économies substantielles : l’affrètement d’un navire océanographique pour une telle traversée représenterait un coût pouvant atteindre 1,5 million d’euros.

Enfin, cette expédition a permis aux chercheurs de mieux comprendre une anomalie observée en baie de Concarneau notamment. « Nous avons relevé en 2014 et 2015 plus d’une dizaine d’espèces de micro-algues qu’on trouve habituellement dans les eaux chaudes sub-tropicales, ce qui a été confirmé par les relevés des élèves tout au long de la radiale Atlantique. » Les scientifiques peuvent ainsi établir un lien entre des phénomènes de hausse de température observés depuis les années 2000 sur le littoral breton et la présence de ces micro-algues exotiques.

Revivre la conférence de clôture à Brest le 11 avril 2018 : cliquez ici.

Microalgue Ceratocorys-horrida - Photo Ifremer, tous droits réservés.
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